[Kraftwerk.HU] [Le Monde] : Un groupe visionnaire qui a su résister au temps
youwine
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Mon, 30 Sep 2002 13:23:16 +0200 (MET DST)
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Un groupe visionnaire qui a su résister au temps
Jeudi 26 septembre 2002
(LE MONDE)
Avec Kraftwerk, l'électronique des années 1970 à "Villette Numérique".
Allait-on assister à un concert ou visiter un musée ? Dans le cadre du festival Villette Numérique – du 24 au 29 septembre —, les trois spectacles exceptionnels donnés par Kraftwerk auraient pu témoigner des fondements et de l'histoire de la musique électronique, en montrant comment les musiciens visionnaires des années 1970 avaient été dépassés par la réalité des années 2000. Ce groupe allemand au répertoire quasiment figé depuis quinze ans avait-il une pertinence autre que nostalgique ?
Les célèbres androïdes du quatuor de Düsseldorf sont présentés, en ce moment, à la Villette, dans l'exposition "Le corps en scène". Ce sont apparemment quatre humains qui lancent The Robots, premier des hymnes prophétiques de la soirée. Habillés d'un blouson et d'un pantalon noirs, immobiles derrière le pupitre qui porte l'ordinateur portable de chacun, les musiciens imposent d'abord une présence graphique. Mythiques fondateurs encadrant deux employés anonymes, Ralf Hütter et Florian Schneider partagent des allures d'aristos prussiens momifiés par la cybernétique. Quand tant de leurs héritiers semblent embarrassés sur scène derrière leurs machines, ils font un spectacle de leur raideur.
Fondues aux projections virtuelles ou rétro-futuristes qui, sur tout le fond de scène, incarnent et rythment chaque morceau, ces silhouettes symétriques semblent prolonger les audaces architecturales de Christian de Portzamparc pour la Cité de la musique. A la parfaite synchronisation des images et des lumières s'ajoute une qualité acoustique rarement croisée dans les concerts de rock. On peut d'autant mieux apprécier la réactualisation de titres qui ne se renouvellent guère depuis la sortie de leur dernier album, Electric Café, en 1986, et du maxi Expo 2000. Work in Progress ou concession aux nouvelles tendances, ces pionniers de l'ère synthétique injectent à certains de leurs classiques un groove qui assume la descendance techno, genre que le DJ Derrick May décrivit un jour comme "Kraftwerk et George Clinton coincés dans un ascenseur". La transe recherchée par les ravers n'est-elle pas le prolongement de la fascination du groupe pour les boucles et le roulement perpétuel d!
es voitures, des locomotives ou des pédaliers de bicyclette ?
JUSTESSE MÉLODIQUE
Un seul morceau semble réellement inédit (quoique décliné à partir d'un thème de l'album Radio-Activity). Le mystère continue de planer sur l'activité réelle de ces alchimistes. Mais l'épure initiale de leur musique, sa justesse mélodique et sa fausse naïveté l'ont préservé des outrages du temps. Métaphores apparentes de la robotisation de la production et des rapports sociaux, les standards de Kraftwerk rayonnent d'une humanité paradoxale. Renforcée par l'utilisation décalée d'images des années 1960, elle perce dans la fragilité de la voix de Ralf Hütter (The Model), dans la mélancolie d'un blues urbain (Neon Lights) ou de voyages (Autobahn, Trans Europe Express), dans une concision héritée du rock'n'roll originel (Pocket Calculator), dans la transposition d'émerveillements de l'enfance (Tour de France).
A la hauteur de leur légende, les hommes-robots auraient mérité qu'on numérise les applaudissements de la foule pour préserver la cohérence du show.
Stéphane Davet
Kraftwerk. Cité de la musique, Paris, le 25 septembre. Prochain concert jeudi 26.
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